J’ai mis un nouveau film sur Synaptic.TV. Un film qui date de 2011 et que j’aime beaucoup considérant ce que ça a pris pour le réaliser.
Ton chien est mort
Et maintenant, voici comment ça s’est déroulé :
Début septembre 2011, je suis envoyé en mission à Trouville pour participer au Kabaret Kino du festival Off-Courts. Ce sont des rencontres France/Québec autour du court-métrage et c’est vraiment ce qu’on sent avec une grande délégation Québécoise qui va en France pour présenter leurs courts métrages de la dernière année ou, comme moi, produire spontanément quelque chose de nouveau. Du coup c’était la première fois que je passais du temps en France.
Nous débarquons de l’avion, nous embarquons dans une mini-fourgonnette et nous partons vers Trouville. 2 heures après nous prenons possession de notre chambre d’hôtel et allons presque immédiatement rencontrer le maire de la ville à l’hôtel de ville.
Cocktail et présentations. C’est pas mal le lancement du festival. Ça a commencé intense et c’est le rythme que ça a gardé pendant toute la durée du voyage.
La vue du balcon de l’hôtel de ville.
Toujours du balcon mais en regardant de l’autre côté. Le Kinolab est juste au pied du casino à gauche caché sur la photo.
Et derrière le casino, c’est la plage et le boardwalk.
Ça me fait quelques variables déjà à évaluer pour me trouver une idée de film. J’ai ma liste de « vieilles » idées à faire mais rien m’emballe tant que ça dans le décor qui s’offre à moi. Vu le nombre de québécois qui débarquent dans la ville pour le festival, j’ai quelques idées plattes du genre de faire un débarquement en Normandie mais avec des artistes québécois. On aurait vu une usine au Québec qui fabrique des artistes/combattants pour prendre possession de la France. Kavanagh, Linda Lemay, Coeur de Pirate, etc.. Disons que j’avais déjà mis cette idée de côté pour le bien de l’humanité. Je pars vers une projection du festival qui s’appelle « Made in Trouville ».
Dans le Kinolab en bois, bâtit uniquement pour le festival et démantelé dès que c’est terminé, c’est déjà le party avec les groupes Who are you et Tom Fire. La soirée glisse comme le bon calvados.
Le lendemain, rendez-vous de production.
Nous sommes le samedi 3 septembre en matinée et c’est un peu là que je m’engage à produire un film pour la première projection du Kino Kabaret le lendemain dimanche 4 septembre à 22h. C’est casse gueule. Très très casse gueule. J’aurais pu y aller pour le mardi 6 septembre et le 8 septembre mais comme la majorité des gens se placeraient dans ces cases là je me suis dit que je réussirais encore l’exploit comme j’avais fait à Bruxelles en livrant un film complexe dont j’étais satisfait pour la première projection du Kabaret. Bon, pour y arriver j’avais peu ou pas dormi et j’étais sur le bord de la crise de nerf mais ça avait marché. L’idée la plus réalisable alors provenait sans qu’il le sache de mon ami Deze dont le chat égyptien était tiraillé entre son ex et lui. Au rendez-vous de production Antoine Arnoux avait apporté son chien Séquotine et j’ai fait 1+1 : j’étais alors pour avoir un film où un type veut revendiquer les droits des hommes à une garde partagée juste et où il y aurait un gros malentendu par rapport à si nous parlons d’un chien ou bien d’un enfant. Ouf, c’était un synopsis laborieux mais j’avais la journée pour l’écrire et la fignoler. Le lendemain matin je tournais sans faute, et le lendemain soir je présentais. Casse gueule encore. J’ai réservé quelques acteurs, le chien Séquotine et je suis parti de midi à 17h en repérage dans la ville pour me laisser inspirer et penser, seul, à mon scénario.
Dans ma liste d’épicerie j’avais à trouver :
– Un pont sur lequel j’aurais mon personnage principal qui revendique quelque chose, à la manière de Fathers for justice mais sans le côté illuminé dérangeant.
– Un bout de ce pont où je pourrais voir plusieurs acteurs perchés pendant que je peux les filmer en sécurité de face et sans que je sois dans l’eau. Plus difficile à trouver.
La vue du Casino de mon hôtel.
Ah les jolies rues étroites.
Journée grisée mais tout demeure très enchanteresse quand même.
Tout a l’air bon dans les restos. L’hôtel de ville se cache au fond de la photo à gauche.
Après un petit moment à marcher j’arrive au pont qui relie Trouville-sur-mer à Deauville.
Clairement si j’installe un acteur qui veut faire des revendications sur cette corniche, ça va être risible. C’est comme la menace de suicide la plus lame ever ; le pont est petit et environ 2-3 mètres de haut max. Je dois trouver autre chose.
Je pars dans les hauteurs de Trouville.
Et je trouve finalement un seul et unique toit potentiel pour le tournage. L’angle est trop élevée, c’est clôturé et je ne vois vraiment pas comment je pourrais faire de beaux plans avec ça, les permissions impossibles à avoir, le danger, etc. Tout s’annonce catastrophique avec ce que j’ai trouvé jusqu’à maintenant. Je continue en me disant que je pourrais alors placer mon personnage sur le truc qui a toujours été le plus visible depuis mon arrivée : le casino. Je demande la permission à un hôtel en face de m’ouvrir une chambre pour prendre des photos et vidéos.
Oh oui! Ça va marcher. Il me reste juste à trouver une corniche grise pour tourner avec mes acteurs et je serais sauvé. Par contre, ça faisait 5 heures de marche que je faisais et rien ne s’approchait d’être ce que je voulais, ou praticable avec une équipe et une camera.
Faut manger, je retourne au Kinolab.
Tous les plats qui sortaient de la cuisine du Kinolab étaient excellents, dont des spécialités de la Normandie. Mélangé au bar-presque-open c’est clair que c’est un festival qui sait comment recevoir ses invités.
Antoine Arnoux, le propriétaire de Séquotine, m’indique sur l’heure du souper qu’il a une terrasse qui est surélevée et qu’on y voit un magnifique panorama de la ville. C’est peut-être ce qui pourrait me sauver. Je pars en expédition avec Radhanath Gagnon vers sa maison.
Un peu d’art sur nos locaux.
Un groupe déjà en train de tourner leur film avec Alexandre Fournier en gars intense qui veut se marier.
La maison d’Antoine est hallucinante mais malheureusement la terrasse ne peut pas me servir. Trop petite, et trop d’éléments visibles dans le chemin.
La soirée se poursuit avec le spectacle de Da Pink Noise. À travers tout ça je m’étais installé dans l’espace de travail du Kinolab pour écrire mon scénario au complet pour l’envoyer par courriel dans la nuit aux acteurs. Ils pourraient au moins le lire, ou non, en se levant. C’est rock and roll.
À 2h30 du matin j’ai fini. Je regagne mon hôtel et, n’ayant toujours pas trouvé ma corniche pour tourner avec mes acteurs, je me programme un réveil à 5h30 du matin pour pouvoir trouver ce lieu avant de commencer à tourner à 8h-9h. Pire nuit ever. Crise de nerf.
Jour J.
Je me lève.
Je trouve une pseudo corniche grise où je pourrai filmer les scènes sur le toit en contre-plongée, j’trouve ça horrible mais je n’ai pas le choix.
Je suis fatigué.
Un acteur ne peux plus à cause d’un double booking.
Un autre acteur est complètement hangover et n’est visiblement pas en mesure de jouer dans quoi que ce soit.
Il y a un autre rendez-vous de production en simultané ce matin là et j’essaye de faire du nouveau recrutement d’acteur dans le tas. Je réussis non sans peine et j’ai 2 heures de retard et du shuffling d’acteurs partout dans mon script. Je n’ai pas de perchiste mais j’ai Alexandre Fournier pour m’aider à un peu n’importe quoi pour la première partie de mon shoot.
10h30 AM, la machine démarre.
Il pleut. On tourne sous la pluie. La température est hyper variable, j’ai l’impression que rien n’est raccord.
On termine toutes les scènes dans la petit voiture rouge.
Ça me prend absolument un perchiste car il y aura du vent et j’ai déjà perdu ma housse anti-vent sur mon Zoom H4N avec lequel je prends le son d’habitude.
Tout le monde est en pause pendant que je réussis à convaincre Keith McMullen de louer un kit de son en vitesse et de me suivre.
Antoine Arnoux, avec mon retard, est presque déjà attendu ailleurs mais je n’ai pas terminé avec la vaillante Séquotine.
On est tous sur le deuxième lieu de tournage.
Le kit de son ne fonctionne pas avec mon H4N. Vu la température non clémente et les retard. On se dit Fuck it, we’ll do it live. On trash le kit son.
Il se met à pleuvoir, déluge style.
À l’abri avec le reste du crew, je me dis que c’est plus possible de finir le film. Heureusement, à Trouville on me dit que la température est si variable que c’est pas possible que ça dure plus que quelques minutes.
En effet, miraculeusement on peut finir le tournage.
Je tourne la dernière scène où tous les acteurs sont dans le même plan. Adèle rejoint les autres dans la scène et chûte violemment à cause de l’accumulation de l’eau. Cette chûte a été conservée au montage. Ça réflète un peu le chaos de la scène dans le film et pendant le tournage.
Adèle s’est heurtée la tête mais se relève finalement comme si de rien était. Guerrière j’vous dit.
On finit le film !
Oups, il est 15h30 et je projette ce film à 22h. C’est de la folie. Au travail.
Parce que travailler à Trouville c’est aussi se faire servir un plat au complet de bons fromage.
Je continue de faire le montage de mon film et juste avant la projection, on voit bien que c’est impossible à projeter dans l’état où c’était. Je me fais déplacer à la prochaine projection et je peux enfin aller décompresser un peu en appréciant le travail des autres.
Le lendemain j’ai terminé mon film rapidement en avant-midi et je me suis mis à aider le plus de gens possible.
Ça a inclus faire le perchiste pour Jean-François Robichaud pour « Envers et contre tous« , un chouette film avec des enfants.
Pas la meilleure photo pour illustrer que j’avais beaucoup de fun. Après avoir crevé de stress sur son propre film, j’peux dire que faire la perche sur le film de quelqu’un d’autre c’est crissement cool. T’as une seule tâche, oui, ça doit être parfait mais reste que t’as une seule tâche quand même.
J’ai fait des effets spéciaux pour
– Parachute, de Martin Thibaudeau.
– Quelques premières fois, de Kristina Wagenbauer.
– Le vidéoclip de Sleepwalkers du groupe « Who are you ». Réal. Amaury Chabauty.
– Harry Potter, la véritable fin, de Marion Ecolivet et Marine Broussaud.
– Le complexe de l’attente, de Quentin Boisramé
et 2 autres projets.
Et le montage de
– Produits du terroir de Alexand Fournier.
Robich et moi avec notre repas de mongol offert par le festival.
Carnior. Exclamation.
Les soirées de projection :
Bon, ça va faire. Suite du voyage quand ça va me tenter avec Deauville, Porthmouth, Londres et Paris.