Je n’avais pas fait de retour sur le concours Hypercube parce que je n’ai visiblement pas gagné le char en fin de compte et que j’étais très zen par rapport à tout ça. Je me suis pointé le 23 juin au Club Soda pour le dévoilement des gagnants avec un ami d’Ontario et ma blonde et j’ai passé une bonne soirée.
Dès que c’était fini, on est parti en vélo à l’Autre St-Jean pour voir la fin de Malajube. Concernant Hypercube, je n’avais rien à décrire qui n’était pas écrit ici par un stratégiste internet ou là par un des participants qui offre son analyse de la valeur monétaire de son travail dans le concours. De toute manière, j’en avais déjà assez parlé sur Facebook et Twitter sur une longue période de temps d’environ 2 mois. Mais hier, il est arrivé quelque chose. J’ai reçu un lien web vers un compte rendu du concours que j’ai trouvé bien étrange et ça m’a donné envie de parler. Attention : plus que 2500 mots.
Beaucoup d’autres personnes, tant dans le monde de la publicité que de l’automobile ont parlé du concours en analysant sa valeur dans les médias sociaux versus l’inconvénient du spam généré par les participants, entre autre. Au milieu du concours, la compagnie de publicité s’en occupant a tenté de rectifier le tir auprès des plus gros spammers et obsessifs pour des votes en soulignant que ceux ci n’étaient qu’une partie du jugement du concours et donc de ne pas trop s’en faire avec ça. La course aux votes était cependant difficile à abandonner psychologiquement et même si je me sentais un peu mal à chaque demande de vote que je laissais à tout le monde sur Facebook, il y avait toujours quelqu’un pour me dire « shoote le parce que sinon je m’en rappelle pas à chaque jour et je vais pas voter« . Paradoxal.
C’est exactement ça la ligne du bon goût et de l’essai versus le travestisme total pour une marque, un objectif ou une cause. Même avec le recul, je n’ai pas vraiment de problème avec mon implication dans le concours à part pour aller chercher des votes parce que ça a toujours été simple pour moi, je jouais à leur jeu en pariant entre 30 et 40 heures de mon temps et ça aurait pu rapporter un char neuf louche et comique… Si j’aurais à acheter une voiture demain j’achèterais une BMW ou une Mitsubishi mais ça ne m’aurait pas empêché d’aimer ma Cube bizarre/emo/bleue comme on peut aimer un enfant un peu attardé (je tombe dans les blagues de mauvais goût là, désolé). L’offre du concours valait pour moi l’intéret que j’y portais soudainement et dès ma première entrée de blog j’ai essayé d’être transparent. C’est pas compliqué, c’est juste un concours comme les autres. Non?
Hmmm.
Pour Hypercube, plein de nuances m’intéressent en ce moment parce qu’il y a un point de rupture invisible où tous les efforts envers quelque chose ne se transforment qu’en gros backlash pour un individu ou une marque. À mon échelle, d’être parti sur un fanatisme de Cube immédiatement et ce même sans l’avoir essayé, tout le monde aurait pu voir à travers mon jeu et ultimement ça ternit ma réputation, mon intégrité et celle de Nissan.
Je garde un vif souvenir d’un de mes amis d’enfance qui s’était embarqué dans un système de vente pyramidal et les objets à vendre étaient d’une insignifiance la plus totale pour moi. C’était un peu le même concept quand il en parlait à répétition à tout le monde de son entourage d’abord et il acceptait de le faire avec l’espoir d’avoir un peu d’argent. Quand il m’a isolé pour m’expliquer longuement le fonctionnement, comment je serais revendeur, qu’on était pour faire une montagne d’argent en ne faisant rien et que ce n’était pas pyramidal, ça puait le désespoir. J’aurais eu envie de l’encourager aveuglément mais étant pauvre moi aussi à ce moment là c’était beaucoup trop à supporter venant d’un ami qui soudainement voulait de l’argent contre un service que je ne voulais vraiment pas. C’est bien connu qu’une compagnie qui a de la classe n’invente pas un besoin, elle répond à un besoin… sauf quand ton plan d’affaires s’adresse aux morons.
Il y a quelques mois, j’ai vécu un piège d’une manière différente. Un ancien boss m’appelle et me fait une occasion d’affaire qui me demanderait que quelques heures par semaine et donc qui n’aurait pas changé le reste de mon horaire et ni ma disponibilité en général. La discussion reste vague car nous sommes pour nous rencontrer de toute manière pour en parler dans le détail, mais essentiellement je comprends que c’est dans mon domaine, c’est de la vidéo et que c’est un contrat. Bravo moi. J’arrive là, c’est un meeting d’enrôlement pour ACN de plus que 100 personnes avec des vidéos de gens qui courent sur la plage parce qu’ils ont accompli leurs rêves et font de l’argent en courant sur la plage. Comment veux-tu que j’aime ACN après si mon point d’entrée c’est un piège. L’animateur nous a même demandé si on avait été trainé là par surprise; +50% de la salle a levé la main. Pour ne pas me faire actionner par eux, je vais simplement mentionner que ce n’est pas une compagnie pyramidale mais bien une entreprise de vente directe de services de télécommunications. HA-HA-HA. Dans cette compagnie non-pyramidale, pour devenir vendeur il faut débourser 500$ et après on peut commencer à vendre les services de télécommunication mensuels et on fait un très petit pourcentage aux services qu’on vend à nos proches qu’on a emmené par surprise au meeting. Si on recrute un vendeur, on peut monter en grade et augmenter sa cut sur ses clients. ACN se défend en disant qu’au lieu de faire comme Bell et dépenser 600 millions en pub, tout revient aux clients et aux vendeurs. C’est là le problème, comment veux-tu défendre l’intégrité d’une compagnie quand une partie des vendeurs c’est des « scouters » et des gens qui font de la sollicitation à leur bureau et auprès de leur famille. Sa sabote ta bonne volonté… s’il y en a une. NOT.
Quand j’entends le CEO de la compagnie de publicité responsable de Hypercube (Capital C) dire que ce qu’il veut bâtir pour les marques et ses clients c’est une loyauté à long terme, je suis bien d’accord que c’est l’idéal mais ça se fait naturellement avec un bon produit. Il renchérit en disant qu’il espère que les clients loyaux prennent même la défense de la marque à travers, on l’imagine, le social marketing. Là ça me chicotte parce que mes goûts, mes besoins et ma consommation m’est assez propre comme tout le monde. Quand je veux quelque chose de nouveau, je l’essaye, c’est une démarche personnelle et je me fais mon propre avis après. Le social marketing, je trouve que ça a déjà atteint le status de buzzword louche pour décrire un effort des agences publicitaires de s’insérer encore plus dans notre quotidien à travers nos proches et amis pour qu’ils deviennent des représentants et des embassadeurs de la marque. Je sais, je viens de le faire pour Nissan et j’ai joué le jeu avec plaisir. J’ai été peut-être irritant pour certains. Mon point c’est qu’on est habitué de voir de la publicité partout mais il faut le moins possible en insérer dans nos relations inter-personnelles. Les agences de pub doivent veiller à ça en étant auto-disciplinées. Ford a déjà un concours un peu semblable. Chaque fois qu’un concept de pub demande des votes ou un procédé de propagande du genre c’est du travail publicitaire que la population fait. Aussi bien que ça paye au bout du compte, et BIEN. 50 chars gratuits… c’est quand même admirable quand on considère que le concours aurait pu être mené avec 10 chars… ou même 1 seul! Difficile de se faire des amis quand tout le monde se bat pour un seul et unique prix (voir Doritos sur ce même blog).
Les gens écoutent de moins en moins la télé et ignorent les bannières sur le web, je comprends que le monde de la publicité panique et ont envie de nous rejoindre par d’autres moyens.
Je me suis immédiatement rappelé cette conférence de Martin Ouellette que j’avais vue et adorée il y a quelques mois (de chez Provokat, c’est un gros hasard, juré) où on mentionne que les compagnies de publicité ne sont qu’un intermédiaire entre le client et le service d’une compagnie quand celle-ci ne peux pas communiquer par ses propres moyens avec ses clients quand c’est, par exemple, à une échelle mondiale. Avec internet et la propagation de l’information rapide et mondiale, les clients peuvent immédiatement communiquer entre eux et la compagnie peut communiquer et vendre sans intermédiaire, c’est donc le produit qui prévaut sur tout le reste. On bon produit va se faire connaitre tout seul dans un scénario idéal et c’est tant mieux car ce sera mérité.
Par contre, quand le président de Capital C dit que le social marketing n’est pas une tactique, je ne suis absolument pas d’accord parce que pour moi le social marketing pour une compagnie c’est l’assemblage artificiel des facteurs qui engendreront la création d’un adepte dans le meilleur des cas … ou un fanboy dans le pire des cas. Le repositionnement des compagnies de publicité vers le social marketing marque l’envie d’avoir un contrôle sur le bouche-à-oreille. Mais est-ce que les compagnies sont bien servies par des « représentants » dans la population qui font du bouche-à-oreille? Ça ne marche pas avec ACN en tout cas.
C’est les fanboys qui sont les plus fatiguants pour n’importe quelle marque; ils donnent envie de prendre le côté opposé juste pour le plaisir et/ou pour balancer. Le fanboy extrème est un peu comme le vendeur dans une compagnie pyramidale qui est un peu déconnecté de la rationalité. Le monde des consoles par exemple ont eu leur dose de Nintendo versus Sega dans les années 80 jusqu’à 95. Après, Sony est arrivé créant une nouvelle génération de fanboys… ensuite Microsoft. Tous ces gens se liguaient, moi y compris, les uns contre les autres naturellement sans necessairement attendre qu’une pub leur dicte d’être fidèle même s’il y avait beaucoup de pub les opposant. C’est comme avec Apple tant pour le iPod que les Macs; la faction extrémiste de Apple est tout aussi obsédée et obsédante pour un public déconnecté du débat. Ceux qui développent une aversion pour Apple ne le font pas tant contre le produit en tant que tel mais le font contre le mouvement quasi-sectaire ainsi que le concept de vente original qui suggérait que tu étais spécial, hip, créatif et unique en achetant un iPod (et là tout le monde en a un) mais ça c’est du branding et d’identifier un public cible, ça j’ai rien contre. Il faut simplement connaitre la game; je suis ce public cible et je produis des pubs en plus…
Pour Hypercube, je pense que quand tu demandes à 500 participants de recueillir des votes, même si c’est fait au nom de leur propre créativité et leur propre projets, ça ne crée pas seulement du brand awareness pour le public en général mais aussi un pourcentage (acceptable/accepté?) de rejet pour la marque. Capital C a au moins, je le rappelle, visiblement tenté de jongler avec ces variables au gré du concours en tentant de limiter les dégâts dans cette expérience. L’objectif était assurément de faire connaitre le nouveau produit et que la population en général commence à la voir au moins sur les routes au Canada. Pour ça, mission grandement accomplie aussi ; la voiture sera sur les routes et les gens pourront s’en faire un avis personel … et s’y habituer.
N’enlevant toujours rien à tous les gagnants interessants de par leurs oeuvres et travaux, pour arriver à une fidélisation ça doit être naturel envers le produit et c’est une démarche hasardeuse de bâtir 50 loyautés avec un char qui est gratuit surtout dans l’optique que personne ne connaissait ou avait essayé le véhicule avant de commencer à en faire de la promo même si la promo devait être orientée sur eux/nous et pas sur le Cube. Je n’ai pas spécialement respecté moi-même cela en me lançant dans la production de matériel promo pour Nissan sans réellement montrer MES travaux comme le concept le voulait.
Il sera très interessant de voir la suite des événement parce qu’avec la publicité intrusive dans nos relations interpersonnelles c’est l’information qui circule qui définira la valeur de toute l’exercice ; quel sera le ratio du noise/du bruit/de l’intox versus celui du signal/de l’information. On a vu depuis peu une flotte de faux blogs publicitaires, bixi par exemple qui s’est fait très critiquer, et la fiction publicitaire cotoie la réalité. Quand c’est encouragé avec l’espoir d’une vie meilleure, ça donne quelques représentants d’ACN ou de n’importe quel système pyramidal et ça ternit la marque et l’individu. Quand c’est encouragé par les concours, ça peut donner de l’honnêteté, de l’information, un apprentissage ou … un fanboy, un fanbot ou un représentant. Nissan les appellera les embassadeurs et je suis sûr qu’ils seront excellent.
Ah oui, le lien que je me suis fait envoyer :
http://encyclopediadramatica.com/Hypercube
C’est le concours tel que vu par un perdant(?) qui a monté un large dossier et qui a saupoudré le tout de blagues haineuses typiques d’encyclopedia dramatica. La seule chose que j’ai envie de commenter c’est le lien relativement décevant entre la juge Leanne Pelosi et 3 gagnants (incluant son chum?). Pis en même temps, je m’en fous.
Sentez-vous à l’aise d’ajouter plein de commentaires ici. Je ne prends pas mon texte spécialement au sérieux, j’avais juste envie de jaser tout seul et de jongler avec quelques idées.
Très bon post !
La ligne éthique dans le social marketing demeure en effet très vague et parfois baigne carrément dans le mauvais goût.
Très intéressant donc que ton post-mortem, et ça me pose a me questionner quant a l’influence que j’exerce (consciemment ou non) sur mon entourage.
Toutefois, triste constat, je réalise aussi que parfois, mon entourage peut justement avoir des intérêts autres que ceux de me conseiller un bon produit…
Au XXIe siècle tout le monde lutte de toute ses forces contre le marketing, je bloque les bandeaux publicitaires sur le web, jette les publicsacs sans les ouvrir, et maintenant on doit filtrer les conseils de nos proches…
Globalement, le marketing est une invention dégueulasse.
Bonne dissertation bien jonglee
Ah oui, et en passant, ca reste surprenamment affreux une Cube sur la route hehe
Hey, c’est Anne sur la page de Encyclopedia Dramatica!